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Améliorer la vie de la femme rurale par les TIC au Burundi

Lors du recensement général de la population et de l’habitation de 2008, la population agricole burundaise représentait 90,8% de la population totale, 51,6% de femmes. Pour améliorer la production, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) constitueraient aussi un outil indispensable pour avoir une information utile et au moment opportun, sur notamment la météorologie et les changements climatiques, le marché des intrants agricoles et d’écoulement des produits.  

Nombreux sont ceux qui pensent que les TIC relèvent du domaine nouveau, très technique, parfois même difficile à appréhender par un citoyen lambda. Or, si les technologies numériques et l’internet sont accessibles par un petit nombre de burundais, l’audiovisuel et la téléphonie mobile sont des canaux de communication qui prennent de l’essor aujourd’hui, et leur exploitation est entré dans le quotidien des gens : écouter les informations, échanges par téléphones ou par messagerie, transferts d’argent, etc. Ces utilisations paraissent si simples, peuvent, à l’instar des autres pays, révolutionner la vie sociale au Burundi, et améliorer les conditions de vie de la femme en milieu rural dont elle est le principal metteur en valeur.

Des applications réelles sont signalées

Certaines radios rurales ont développé des programmes qui associent les agriculteurs, et ont mis en place des clubs d’écoute. A travers ces programmes, les gens écoutent la radio, suivent les conseils des agronomes locaux, échangent par SMS les expériences et les informations sur la disponibilité des intrants, les zones où les récoltes sont bonnes, les prix compétitifs etc.

En zones rurales, la radio et le téléphone mobile ont déjà été intégrés dans les outils de production et d’échanges de produits, mais aussi dans d’autres secteurs de la vie sociale. « Les femmes majoritairement regroupées en associations, n’ont plus le risque de perdre leur production à la suite de méventes ou invendus. Un communiqué à la radio indique aux acheteurs l’endroit précis où la marchandise se trouve, et les discussions se font sur les lieux. Plus question de récolter et perdre la production invendue », fait savoir Jean-Mitterrand Ndayegamiye, directeur de la Radio communautaire « Ijwi ry’umukenyezi » (La voix de la femme), émettant depuis Giheta en province de Gitega (centre du Burundi).

Même si une chèvre est égarée, je vais à la Radio, celui qui l’a vue me la ramène ou la conduit à la Radio, et je m’occupe à autre chose au lieu de perdre mon temps à parcourir les collines », indique avec sourire, madame Ndoricimpa, de la commune Gishubi en province de Gitega.

 Inciter à l’utilisation des TIC en milieu rural

Bien que le Burundi soit doté d’une fibre optique qui a déjà pénétré jusqu’aux chefs-lieux des provinces, le pays ne s’est pas encore placé au niveau des autres pays de la sous-région pour optimiser ses bénéfices.

« Il faut apprendre à vivre l’économie numérique par l’utilisation rationnelle des TIC. Ces dernières changent le mode de vie. J’encourage les Burundais à s’approprier l’usage des TIC pour leur développement inclusif », recommande Nathan Ntahondi, expert-consultant en matière des TIC.

Il propose également le renforcement du partenariat (gouvernement, opérateurs et bailleurs) pour rendre plus opérationnel le Fond de Service Universel au Burundi (mis en place par le décret n°100/186 du 16 octobre 2017). En outre selon cet expert, le gouvernement devrait encourager la fourniture de services TIC à des prix abordables par les populations sans pouvoir d’achat.

Selon madame Diane Ndonse, Directrice Générale du magazine de la femme « Mukenyezi Magazine », l’incitation à l’utilisation des TIC en zone rurale devrait s’appuyer sur des formes pratiques. « Par exemple, l’agronome provincial qui a des orientations ou informations à communiquer devrait les faire par des supports simples, par exemple les SMS, les appels courts, ou petits communiqués radiophoniques à travers les radios communautaires qui sont déjà nombreuses au Burundi », propose-t-elle.  Elle ajoute que cela permettra de réduire les coûts, les distances et le temps.

Au Burundi, à part la radio qui est un outil « traditionnel » d’information, la téléphonie mobile gagne du terrain (53,5% de la population), tandis que l’internet est encore un terrain en friche, avec 5,5% de la population burundaise, au début de l’année 2023.

Malgré les défis liés à l’accès faible aux infrastructures, au manque d’énergie et à la pauvreté de la population rurale et féminine de manière générale, la culture de l’utilisation des TIC n’est pas une préoccupation surtout en zones rurales, à tel point que l’on parle parfois d’analphabétisme numérique. Il convient donc de sensibiliser la population à exploiter les opportunités qui sont déjà offertes au pays, et fournir des informations pratiques et expériences des autres pays de la sous-région qui sont actuellement relativement avancés.

Par Jérôme Ndereyimana

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