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« Je n’oublierai jamais mon sachet », dixit Nzeyimana Josiane/Muyinga

Née à Bujumbura et mariée depuis 20 ans à Muyinga, Nzeyimana Josiane est mère de 4 enfants, deux garçons et deux filles. Sentant le besoin d’apporter sa contribution au foyer et de soulager son mari du poids financier, elle a commencé à faire du commerce ambulant avec de petites marchandises emballées dans un sac plastique. Cela lui a permis plus tard d’acheter une parcelle à Bujumbura. Ensuite, elle a formé une coopérative avec 4 autres femmes pour fabriquer des savons destinés à l’exportation, afin de pallier le manque de devises et d’élargir leurs activités sur les marchés étrangers.

« Avec de petits crédits communautaires, j’ai commencé à vendre de petites marchandises que je transportais en itinérance dans des sacs plastique. Je faisais des achats en Tanzanie, ce qui me rapportait le double après la vente au Burundi », confie avec fierté devant son stand Nzeyimana Josiane.

De fil en aiguille, Josiane a remarqué que travailler en association rapporterait davantage. Elle s’est associée avec 4 autres femmes pour ouvrir un restaurant pour une période de 3 ans. Aujourd’hui, elle vend des fripes sur le marché de Muyinga qu’elle achète en Tanzanie et en Ouganda. Leur association a évolué en coopérative « Mukenyezi, jewe n’awe mw’iterambere », qui va essentiellement fabriquer des savons destinés à l’exportation, et dont les premières productions commenceront dans deux semaines à partir du moment où nous mettons ces notes sous plume.

Tout avec son mari

L’un des principaux obstacles à l’autonomisation de la femme est l’incompréhension ou la mauvaise interprétation des hommes. C’est ce qu’indique Denise Ndaruhekere, cheffe de cabinet du gouverneur de Muyinga. « L’un des obstacles majeurs à l’autonomisation de la femme est le scepticisme des hommes. Certains commencent à changer et nous les encourageons. Aux autres plus sceptiques, nous demandons la compréhension du processus », lance-t-elle.

Pour Josiane, l’affaire est réglée. Son astuce est d’avoir mûri son idée et de l’avoir informée à son mari. Selon elle, informer est nécessaire, mais ne suffit pas. Il faut montrer que votre projet porte des fruits qui se matérialisent par la contribution à la satisfaction des besoins du ménage.

« Je déteste ces femmes qui, une fois réussies, méprisent leurs maris et dont les revenus de leurs activités ne servent qu’à acheter des habits onéreux et des bijoux en or, c’est par là que naissent les soupçons et les préjugés », fit-elle remarquer.

Le besoin d’être soutenues

Si les femmes de Muyinga ont la volonté de travailler et d’exploiter les opportunités offertes dans leur milieu, elles ont besoin d’être appuyées de manière multiforme, notamment financièrement et matériellement. L’administration, à sa manière et dans ses limites, a entendu cet appel. La cheffe de cabinet du gouverneur de Muyinga indique que l’administration mène des actions pour rechercher des partenaires pour la formation, notamment dans la formulation de projets, des partenaires financiers en faveur surtout des associations et coopératives, mais aussi pour sensibiliser les hommes afin de faciliter la tâche des femmes voulant concrétiser leurs ambitions entrepreneuriales. Elle conseille aux femmes de faire preuve de persévérance dans leurs actions pour surmonter les obstacles qui jalonnent le chemin vers leur succès

Le mérite de la confiance

Les actions de Josiane Nzeyimana lui ont valu l’admiration des autres femmes et leur volonté de l’imiter. Ntakirutimana Amissi, est actuellement commerçante transfrontalière, et membre de la coopérative « Mukenyezi, jewe n’awe mw’iterambere ». Elle se réjouit que Josiane lui ait approchée au moment où je passais toute la journée sans rien faire, pour l’intégrer dans le métier de commerçante et l’apprécie pour son sens de l’organisation. Cette appréciation est aussi celle des rares hommes membres de la coopérative « Mukenyezi, jewe n’awe mw’iterambere ». « Nous sommes associés en tant qu’hommes conseillers. Nous apprécions le leadership de madame Josiane Nzeyimana. Son sens de l’organisation et son honnêteté ont fait que nous la désignions comme présidente de notre coopérative », confie Barengayabo Amani, agriculteur et musicien de Muyinga, membre de la coopérative « Mukenyezi, jewe n’awe mw’iterambere ». Quant à Josiane, elle n’est pas prête à oublier son « sachet-conteneur », grâce auquel elle a pu se construire une maison pendant ses premiers pas dans l’exercice du commerce transfrontalier.

Par Jerome Ndereyimana

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