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Le métier de pêcheur et ses interdits

La pêche qui est un métier pratiqué au Burundi depuis la nuit des temps, avait ses interdits propres. Mais avec l’avènement du christianisme ainsi que l’envahissement des endroits où les pratiquants du métier s’approvisionnaient en médicaments traditionnels tout cela fait qu’ils ne sont plus obligés de se pencher beaucoup plus à ces pratiques, comme le confirme Issa Nshimirimana, un pêcheur chevronné opérant sur le littoral du lac Tanganyika à Kajaga depuis plus de 30 ans.

Pour découvrir davantage les pratiques qui accompagnent le métier de pêcheur, il a fallu à Issa Nshimirimana une période de 30 ans. Issa Nshimirimana opérant sur le littoral du lac Tanganyika au point de pêche de Kajaga, signifie donc qu’avant l’avènement du christianisme, les ancêtres, avant de procéder à toute activité de pêche, avaient un rituel qu’il fallait respecter comme “uguterekerwa”.
“Quand mon grand père quittait la maison, la première chose qu’il faisait à son arrivée sur le lac, il se munissait de ses médicaments (Agasabirwa), lavait le filet, en aspergeait sa pirogue et entrait ainsi dans le lac. Si la pêche n’était pas bonne, il revenait à la rive pour échanger avec les autres pêcheurs. Ils en appelaient au pouvoir divin et apportaient un mouton qu’ils abattaient au bord du lac ainsi que d’autres gris gris. Par la suite, les pêcheurs dansaient en buvant de la bière. Ils cherchaient ce qu’ils appelaient le roi du lac”, confie Issa.

La pêche,un métier aux interdits

Cet ancien pêcheur souligne donc que la pêche avait des interdits.
“Il était strictement interdit de dormir avec sa femme lorsqu’elle était en période de règles. Commettre l’adultère était prohibé, mais il n’en était rien si c’est votre femme puisqu’il suffisait de te laver avec les médicaments. On mangeait de la patte de manioc avec la viande du poisson du lac seulement et de la viande grillée. Nous prenions de la bière et dansions ainsi le chef spirituel en était ravi”, martèle ce pêcheur.

Issa Nshimirimana met aussi un accent particulier sur le grand rôle que jouait “Umuganzaruguru”, qui est un esprit fort qui assurait le contrôle des eaux.
“Le chef spirituel dont il est question était représenté par des arbres. C’ était le roi du lac. Dans le temps, c’était le grand des Satans. Il se promenait sur les rives du lac et partout où il passait, la pêche était bonne. Par ailleurs, j’ai grandi au moment où les chefs du lac existaient encore. Ils ont disparu avec les gens qui les ont abattus avec la hache, mais celui qui le faisait en subissait les conséquences car c’était un monstre qui habitait l’île de l’Ubwari au milieu de l’eau” raconte Nshimirimana.

Ce pêcheur chevronné signifie donc qu’une fois dans les eaux, l’attention doit être de rigueur surtout en veillant à des signaux naturels qui montrent les endroits adéquats pour capturer le plus de poissons.

“Nous qui n’avions pas étudié, on utilisait notre intelligence pour chercher l’invisible, tout en sachant où tu peux le trouver ou pas. Ce que nous apprenons en observant le mouvement de l’eau car le poisson respire,” explique le pêcheur, il fallait tirer attention et en observer les signes.

Monsieur Issa Nshimirimana nie qu’actuellement les pêcheurs ne sont pas obligés de faire recours à toutes ces pratiques, tout en déplorant que de nos jours, les endroits où ils s’approvisionnaient en médicaments “Agasabirwa” ont été envahis. Le meilleur moyen, pour ce pêcheur chevronné, est que tout un chacun puisse marquer sa part de contribution pour le développement du secteur de la pêche.

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