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Quand loger dans un hôtel devient un délit

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Des jeunes ou de vieux couples, mariés ou pas, qui logent dans de petits hôtels ou maisons de passage sont victimes de rafles policières, ces derniers temps.

Dans la zone Kamenge, un petit motel fait souvent objet de rafles. Cet endroit s’apparente plus à un bar. C’est en voyant des hommes ou de jeunes filles passer par une boutique et ne revenir que plusieurs heures après que l’on comprend qu’il y a des chambres derrière le bar.

Au moment de la rafle, un vrai spectacle. Un homme qui habite dans les environs affirme qu’il voit souvent des hommes en train de courir, à moitié nus, vêtements dans les mains, fuyant la police. Ceux qui sont arrêtés doivent leur donner une somme d’argent pour ensuite être relâchés. Le réceptionniste confirme : « Des policiers débarquent inopinément pour arrêter les couples. S’ils tombent sur un homme ou une femme mariée commettant l’adultère, ils lui demandent 200 voire 400 mille Fbu. » Les victimes, poursuit-il, n’hésitent pas à payer pour recouvrer leur liberté.

Un jeune homme du quartier Nyakabiga confie que certains de ses amis préfèrent lui payer quelques bières et emprunter sa chambre que d’aller se jeter dans la gueule du loup.

Kibenga est un autre quartier qui connaît ces rafles. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, deux hôtels du quartier en ont connues. Des hommes armés, les uns en uniforme d’autres pas, qui se disent police des mineurs, débarquent vers 16h, ordonnent au réceptionniste d’ouvrir les chambres. Ils n’attendent même pas que les occupants s’apprêtent.

« Ils ont embarqué toux ceux qui se trouvaient dans les chambres. Ils n’étaient d’ailleurs pas des couples, chaque chambre était occupée par une seule personne », témoigne le propriétaire de l’un de ces hôtels, mécontent. Ils ont été relâchés moyennant 50 mille Fbu, chacun. Personne n’était mineur ou prostitué, selon lui.

Ce patron indique qu’un vieux couple marié, quinquagénaire, venu de l’intérieur du pays, a été appréhendé, il y a quelques semaines. Faute d’avoir leur certificat de mariage sur eux, ils ont dû donner 300 mille Fbu à ces policiers. « C’est vraiment honteux ! Ils ne respectent personne. »

Une maison de passage à Kibenga en fait souvent les frais. Mais là, il n’y a pas que les couples qui sont appréhendés. Hommes, femmes, jeunes, tous sont embarqués. Ils ne sont libérés que s’ils payent 200 mille Fbu chacun et 400 mille pour un couple.

Tous ces hôteliers affirment que leur business est ainsi perturbé. Les clients se font de plus en plus rares. « Qui reviendrait deux fois vu ce qu’il a subi ? », déplore le patron d’un hôtel à Kibenga. Deux jours après la rafle, l’hôtel était vide.

Interrogé, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, se contente de justifier ces rafles comme une chasse aux prostitués. Selon lui, ces policiers qui les effectuent ont la capacité de juger si telle ou telle personne est une prostituée ou pas. « C’est une unité spécialisée en la matière.» Et de souligner aussitôt qu’il n’y a pas eu de rafles effectuées par la police des mineurs, ces derniers jours.

 

 

 

Source:Iwacu Burundi

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